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Mouvement Républicain et Citoyen 71 avec Emmanuel Jallageas, 1er Secrétaire Fédéral

Mouvement Républicain et Citoyen 71 avec Emmanuel Jallageas, 1er Secrétaire Fédéral

avec Jean - Pierre Chevènement


Résistance sociale mars 2008 avec Marinette Bache

Publié par Baudouin Grégory Mouvement Républicain et Citoyen sur 20 Avril 2008, 18:36pm

Catégories : #REsistance SOciale Marinette Bache

LA RÉPUBLIQUE SERA SOCIALE OU NE SERA PAS !

Le mot de la Présidente

Et maintenant ? Après la victoire incontestable des partis de

gauche aux élections municipales et cantonales, la question se

pose avec acuité : comment transformer des victoires locales

en victoire aux élections majeures que sont la présidentielle et

les législatives, qui seules permettent de peser véritablement

sur les choix du pays ? Depuis 1988 à la présidentielle, depuis

1997 aux législatives, la gauche s’est révélée incapable de

transformer l’essai.

D’ailleurs, comme le montre l’abstention record, le résultat des

élections de mars apparaît plus comme une victoire par défaut

et la traduction dans les urnes de ce que les sondages nous

disent depuis plusieurs mois – la fin de l’effet Sarkozy - que comme un renouveau de

la confiance des électeurs envers la gauche.

De surcroît, les élections de mars n’ont rien changé au plan national : la droite

continue d’appliquer son programme ultra-libéral sans se soucier de l’avertissement

donné par les électeurs. Sarkozy nous l’a encore prouvé en égrenant 165 mesures

censées améliorer les finances publiques. En réalité, il s’agit de casser tout ce qui

peut l’être de la solidarité nationale dans notre pays. Ce n’est pas un hasard si des

domaines comme le logement, la santé ou les tarifs sociaux de la SNCF sont les

premiers touchés, sans parler de l’éducation qui devrait être la première concernée

par les suppressions massives d’emplois dans la fonction publique. On remarquera

que ces « économies » ne sont qu’une goutte d’eau par rapport à ce que va coûter le

paquet fiscal (15 milliards par année pleine).

Alors que l’on va bientôt fêter le quarantième anniversaire de mai 68, il est temps de

se préoccuper de la réponse que la gauche doit apporter à cette casse des

conquêtes sociales menées par Sarkozy et Fillon.

Ses succès locaux ne doivent pas cacher sa faiblesse sur le plan national, faute d’un

programme capable d’entraîner l’adhésion d’une majorité d’électeurs et d’un leader

capable de l’incarner. Chacun des partis de la gauche est en crise. Le Parti Socialiste

apparaît aujourd’hui comme un conglomérat d’individualités toutes plus ambitieuses

les unes que les autres. Le Parti Communiste étale ses divisions, tout comme

l’extrëme-gauche. Les sociaux-républicains sont éclatés en différentes chapelles.

Le moment nous semble donc venu d’une initiative capable de secouer les faux

clivages et de faire avancer ensemble militants politiques, syndicalistes et simples

citoyens qui se reconnaissent dans les valeurs fondamentales de la gauche et

veulent bâtir un projet socialiste du 21

ème siècle qui ne soit pas une simple

soumission au libéralisme.

Dans ce contexte, nous ne pouvons que saluer le travail de fond déjà entrepris par

certains clubs afin de faire ré-émerger une identité socialiste susceptible d’être

partagée par beaucoup de citoyens.

Résistance Sociale entend bien être partie prenante à cette nécessaire refondation,

ne serait-ce qu’en favorisant les rencontres entre toutes celles et ceux qui veulent y

prendre part.

En attendant, l’heure n’est pas à la désespérance face à un capitalisme qui rencontre

de plus en plus de difficultés sur le plan mondial pour imposer sa loi.

Marinette BACHE

 

Les syndicats de la CES unis pour le pouvoir d’achat'une même voix, les syndicalistes européens ont réclamé des "salaires décents", samedi 5 avril à Ljubljana

(Slovénie). Venus de vingt-trois pays, environ 20 000 manifestants ont arpenté les rues de la capitale slovène à

l'appel de la Confédération européenne des syndicats (CES).

Depuis le podium où se sont succédé de nombreux leaders syndicaux, parmi lesquels les Français Bernard

Thibault (CGT) et Jean-Claude Mailly (FO), le secrétaire général de la CES, John Monks, a lancé la

D

 

"bataille

pour le salaire minimum"

et dénoncé une Europe où "le pouvoir d'achat décline quand les profits augmentent".

 

"Nous n'acceptons pas qu'il y ait 30 millions de travailleurs pauvres en Europe"

 

"le travail

précaire et l'inégalité de salaire entre les hommes et les femmes"

. Zita Rist, syndicaliste roumaine, proteste

contre des salaires trop faibles. Une petite centaine de militants de la CGT, une cinquantaine de la CFDT et

quelques syndicalistes de FO et de l'UNSA conspuent la

 

"baisse du pouvoir d'achat". "On ne veut pas d'une

Europe à bas prix"

, explique Ouria Belaziz, syndicaliste CGT chez Calor-Seb, dans l'Isère.

Cette campagne pour un salaire minimum légal marque une évolution de la CES. Jusqu'à présent, le DGB

allemand et les Scandinaves étaient réticents. Aujourd'hui, les syndicats allemands exigent la création d'un

salaire minimum de 1 200 euros par mois.

 

"Il n'est pas question de fixer un salaire minimum européen, mais de

faire en sorte qu'il existe dans chaque pays"

, a expliqué M. Thibault (CGT).

Face à cette exigence, le président de la Banque centrale européenne (BCE), Jean-Claude Trichet, n'a eu de

cesse d'appeler à la modération salariale, lors d'une réunion avec les ministres des finances européens. Tandis

que l'inflation a atteint en mars le record de 3,5 % sur un an, les dirigeants européens craignent une spirale prixsalaires.

M. Trichet a jugé que les gouvernements se

 

"tromperaient lourdement" s'ils suivaient l'exemple de

l'Allemagne, où les fonctionnaires ont obtenu 5,1 % d'augmentation.

Le Luxembourgeois Jean-Claude Juncker, le président de l'Eurogroupe, a estimé que

"les travailleurs doivent

pouvoir tirer bénéfice du retour de la croissance"

. (dépêche AFP).

 

 

LES SERVICES PUBLICS SONT LE COEUR DE NOTRE MODELE SOCIAL

Comment et pourquoi défendre les services publics ?

Par Jean-Claude CHAILLEY, secrétaire général de Résistance Sociale

Naissance puis déclin de « l’Etat-providence » en Europe

A la fin de la 2

ème guerre mondiale, des progrès sociaux

importants ont été acquis : les nationalisations, souvent avec

monopole, un fort secteur public, la Sécurité Sociale …C’est

l’extension de « l’Etat-providence » en France et dans toute

l’Europe de l’ouest. Les services publics, les nationalisations

sont des secteurs importants qui échappaient au “ marché ”,

terme pudique pour éviter de dire “ capitalisme ”. Depuis, dans

toute l’Europe, celui-ci n’a de cesse de reprendre le terrain

perdu, voire au-delà. L’«Etat-providence » est en régression

rapide partout.

Le Service Public, coeur de notre modèle social

républicain

Les services publics sont la mise en oeuvre des valeurs

républicaines fondamentales de liberté, d’égalité, de fraternité,

de laïcité qui découlent notamment de la Révolution Française

et du Conseil National de la Résistance. Ils se fondent sur les

besoins fondamentaux des citoyens, qui doivent être satisfaits

pour tous. Garants de l’égalité entre citoyens, facteurs de

cohésion sociale, ils expriment une solidarité forte, s’opposant

à l’exclusion et à la précarité.

Une offensive multiforme est menée contre les services

publics

1 Offensive idéologique

: les services publics,

contrairement au privé, seraient par nature inefficaces.

Pourtant, il ne manque pas de faillites, de demandes

d’aides, d’exonérations,… pour sauver les entreprises

privées. D’Enron aux subprimes, que de désastres ! Et

c’est bien le secteur nationalisé, propriété d’Etat, qui est

à l’origine du TGV, d’Airbus, d’Ariane, du nucléaire, de

France Télécom, jadis à la pointe de la technologie, ….

2 La continuité du service public est délaissée

:

fermetures d’hôpitaux, de maternités, de bureaux de

Poste, de classes, de tribunaux, de prud’hommes, …la

proximité est remise en cause,

3 L’égalité de traitement, de tarif est mise à mal

, par

une logique de tarification commerciale,

4 La qualité du service public est dégradée:

réductions

de moyens, de personnel, le service rendu aux usagers

baisse, alimentant volontairement le mécontentement,

5 La concurrence “ libre et non faussée ”.

C’est le credo

du libéralisme mondial, de l’eurolibéralisme. Le temps de

la libre concurrence des manuels d’économie est révolu

depuis bien longtemps. Il n’y a plus que des oligopoles

mondiaux, se rendant souvent coupables d’ententes au

détriment des consommateurs. Le concept de

”concurrence libre et non faussée ” est uniquement un

prétexte pour obliger à privatiser,

6 Les prélèvements obligatoires excessifs

. Nouvelle

arnaque intellectuelle nullement désintéressée. Si

l’enseignement était privé, il n’entrerait pas dans le calcul

des prélèvements obligatoires. Comme par hasard, on

propose des partenariats public–privé, notamment dans

l’université et la recherche,

7 La dette

. La dette était réduite en France. Elle s’est

accrue en parallèle avec la hausse des taux d’intérêt, les

privatisations, les exonérations d’impôts qui ont réduit les

recettes fiscales de l’Etat,

8 Le flou du vocabulaire

: on appelle tout et n’importe

quoi service public, en entretenant la confusion par

l’introduction de la notion de “ service au public ”. On en

vient à se demander si Carrefour n’est pas un service

public. Bruxelles y a beaucoup contribué avec ses SIEG,

SIG, SSIG, Service Universel… On voit se multiplier les

DSP (délégations de service public), les PPP

(partenariats public- privé). C’est un mouvement général

de privatisation tous azimuts qu’on tente de masquer aux

citoyens. La confusion est telle que, depuis quelques

années, sont apparus les slogans type “ service 100 %

public ”, “ pôle 100 % public ”, tant derrière le mot public

certains mettent n’importe quoi. Les citoyens et même la

plupart des militants n’ont aucun moyen de s’y retrouver.

Les objectifs qui devraient être ceux du secteur public et

nationalisé

1 L’intérêt général, et non l’intérêt d’actionnaires,

2 Egalité et solidarité : entre individus, quelle que soit

leur situation sociale, entre générations,

3 Continuité du service dans le temps et dans les

territoires. Egal accès aux services rendus.

Proximité,

4 Redistribution, péréquation, réduisant les inégalités,

5 Développement économique à long terme, y compris

par la création des infrastructures de toutes sortes

nécessaires à l’efficacité des entreprises,

6 Objectif de qualité, de satisfaction de l’usager,

7 Objectif d’emploi. Une délocalisation peut procurer un

bénéfice pour une entreprise, mais coûte à la

société : coût du chômage, coût des ruineuses aides

à la création d’emplois, dégradation de la balance

commerciale,

8 Sécurisation, indépendance nationale, dans un

monde incertain,

9 Cohésion sociale : la fermeture des services publics

est un élément de la “ crise des banlieues ”, de la

désertification de certaines régions.

Champ des services publics

Il ne s’agit pas ici de dresser une liste précise, qui dépend

davantage d’un programme de gouvernement (on peut se

reporter aussi à la Charte de la Convergence de Défense et de

Développement des Services Publics, dont Résistance Sociale

est membre). Quelques critères des secteurs relevant des

services publics et nationalisés :

1 Biens ou services jugés essentiels pour les citoyens,

2 Secteurs où la concurrence n’existe pas

véritablement, ou lorsqu’une politique et des

investissements à long terme sont nécessaires,

3 Nouvelles technologies, nouveaux besoins sociaux

(dépendance…).

Entre autres : enseignement, hôpitaux, Sécurité Sociale,

entreprises de réseau (EDF- GDF, SNCF, Poste), Eau

(remunicipalisation), banque, logement social (HLM…), justice,

police, culture…

Combattre les privatisations, fusions

Il faut s’opposer aux privatisations (SNCF, Poste…), fusions

(GDF-Suez, ANPE-UNEDIC…), fermetures (hôpitaux,

maternités, classes, bureaux de Poste..), y compris dans les

secteurs régaliens (tribunaux, prud’hommes, trésor public). Il

faut combattre la banalisation du Livret A.

Tarification : tout en garantissant la qualité, les services

publics sont moins chers

1 La distribution de l’eau, confiée à Veolia et Suez est,

à qualités comparables, 15 à 20 % plus chère que

lorsqu’elle est assurée par une régie municipale.

Dans tous les pays où l’électricité a été privatisée, le

tarif a augmenté de 30, 40, 50 % ou plus. Le N° de

mars de « Que Choisir » constate que, dans les

transports aussi, la régie municipale est une option

parfaitement valable. La privatisation coûte cher.

C’est logique : doubles emplois au lieu d’économies

d’échelle, rémunération des actionnaires, campagnes

de pub… C’est l’usager devenu client qui paie.

2 Au contraire, le service public, plus économique à

prestation égale, permet d’avoir le même service sur

l’ensemble du territoire, quel que soit le coût de

revient. Par exemple, les opérateurs de téléphonie

mobile, malgré leurs profits astronomiques

(Philippines : 5 heures, 5 euros), refusent d’équiper

les zones non rentables du territoire, demandent

des financements publics, et les obtiennent !

Les usagers aussi doivent défendre le statut de la fonction

publique

1 Un commercial, par exemple, dont la rémunération et

le maintien dans l’emploi sont liés au résultat, servira

forcément son propre intérêt avant celui du client.

C’est d’ailleurs la raison d’être de cette forme de

rémunération,

2 A l’inverse, un fonctionnaire sous statut servira de son

mieux l’usager car il est là pour ça,

3 C’est pourquoi, il faut lutter contre le projet du

gouvernement de remise en cause du statut, ouvrant

la voie aux licenciements, contre la copie du privé

comme le salaire dit “au mérite”…

Le service public rempart de la démocratie

Les grands groupes mondiaux, avec leurs 20 000 filiales,

contrôlent 70 % du commerce mondial. Jouant de la

concurrence sur le coût du travail, la fiscalité, les exonérations

et aides diverses, ils sont plus puissants que les Etats qu’ils

soumettent.

Dès lors, le suffrage universel tend à devenir une simple

formalité sans véritable enjeu, comme aux USA.

A cet égard, il ne faut pas sous-estimer la gravité de la

ratification du Traité de Lisbonne. Pour la première fois depuis

bien longtemps, le suffrage universel a été froidement et

volontairement bafoué.

Le privé doit avoir sa place, mais ne doit pas avoir un pouvoir

économique si écrasant qu’il lui donne de fait une influence

déterminante sur le pouvoir médiatique et politique. Pour

préserver la démocratie, il faut renforcer le secteur public et

nationalisé.

Avoir des services publics de haute qualité, à la pointe du

progrès, tournés vers la satisfaction des usagers, est

avant tout une question de volonté politique

1 Tous les moyens existent, entre autres les techniques

marketing, pour connaître les besoins des usagers,

créer les services correspondants, mesurer

scientifiquement l’évolution du taux de satisfaction

des usagers. Il faut former le personnel, cesser les

suppressions de postes, améliorer les conditions de

travail, avoir des salaires corrects et une formation

professionnelle de qualité…

2 Le problème est donc politique. Il faut une majorité

politique qui ait la volonté de développer l’industrie, la

recherche, le secteur public. A contrario, s’il s’agit de

préparer la privatisation, si on considère qu’on ne

peut rien faire contre la mondialisation libérale, on ne

risque par de développer une stratégie performante.

On gère le déclin, sinon le massacre.

Les Services Publics sont incompatibles avec la finalité de

l’Union européenne, la “ concurrence ”, terme en réalité

synonyme de “tout privé ”. Il faut donc réorienter la

construction européenne, changer sa finalité.

Que ça fasse plaisir ou non, les traités s’appliquent tant qu’ils

sont en vigueur. Et on peut compter sur la Commission

européenne et la Cour de Justice pour être vigilantes. Les

mobilisations contre les privatisations, en faveur des services

publics, se heurtent au mur de la “ concurrence libre et non

faussée ” qui progressivement s’étend à tous les domaines.

Les services publics sont l’antithèse de la concurrence. C’est

d’ailleurs dans la foulée de l’Acte Unique européen que les

privatisations ont commencé.

L’objectif de la stratégie de Lisbonne, “ économie la plus

compétitive… ”, sert de prétexte aux privatisations,

engendre la concurrence sur les salaires et sur les

conditions de travail, donc l’abandon du statut, du contrat

à durée indéterminée, la baisse du pouvoir d’achat, la

précarité, la remise en cause de la protection sociale.

Selon cette idéologie, tout ce qui est rentabilisable devrait être

privatisé, le Service Public tendant à devenir un filet de

sécurité, une charité “ pour les plus démunis ” et un lieu de

socialisation des coûts favorisant la privatisation des profits.

L’idéal de la construction européenne ne peut être la

concurrence – privatisation généralisée, commune à tous

les traités depuis le traité de Rome -, ni la remise en cause

des acquis sociaux. L’Europe doit se construire sur les

objectifs de développement économique, respectueux de

la nature, et d’élévation du niveau de vie des peuples.

Tous les traités européens en vigueur doivent donc être

revus. Les services publics doivent être renforcés.

La France qui a voté NON à la Constitution, qui a infligé

une défaite cinglante à Sarkozy – Fillon lors des élections

de mars, doit être à la pointe du combat pour le retour à

« l’Etat-providence » en France et en Europe dont les

services publics sont le coeur.

Nota

: le terme « Etat-providence » n’a pas la même

signification pour tout le monde. Certains y voient une

connotation plus ou moins religieuse, d’autres le symbole de

l’interventionnisme étatique gaulliste, d’autres la traduction du

rôle protecteur de l’Etat, qui est exprimée ici. Certains

préfèrent employer l’expression « état social » ou « état

républicain social ». Afin de permettre à chacun de s’exprimer,

il nous paraît utile de lanncer le débat dans un prochain

numéro.

 

Quand Sarkozy supprime la carte famille nombreuse puis veut l’étendre

Par Pierre KERDRAON

Bien sûr, officiellement, il n’était question que de transfert. Sarkozy,

dans son intervention sur la réforme des politiques publiques (RGPP)

du 4 avril, voulait seulement que l’Etat ne prenne plus en charge les

tarifs de famille nombreuse, d’étudiants, de salariés (billets de

congés annuels) de la SNCF… Gain escompté : 70 millions d’euros

(à comparer aux 15 milliards du « paquet fiscal »).

En réalité, il était bien question de supprimer ces tarifs sociaux

instaurés en 1921 qui devaient être remplacés par des tarifs

commerciaux beaucoup moins avantageux et surtout inaccessibles à

de nombreuses familles aux revenus modestes.

Une semaine plus tard, après que de multiples voix se soient faites

entendre pour défendre la carte famille nombreuse et plus

généralement les tarifs sociaux de la SNCF (et qu’on ait assisté à un

total cafouillage gouvernemental), le même Sarkozy nous annonce

que ceux-ci seront finalement maintenus et même élargis et que

l’Etat continuera à les prendre en charge, moyennant une soulte de

la SNCF.

On ne s’en plaindra certes pas.

Cela jette toutefois une lumière crue sur le sérieux de ce rapport

RGPP, effectué sans la moindre concertation avec les usagers, les

associations ou les représentants des personnels.

En voulant rogner sur les droits sociaux pour pouvoir dire à la

Commission européenne de Bruxelles qu’il a pris les mesures

nécessaires pour limiter le déficit, le président Sarkozy s’est, pour le

coup, pris les pieds dans le tapis. Nouvelle chute, me direz-vous,

après celle observée dans les sondages.

Oui, sauf que, cette fois, la question se pose : y a-t-il encore un

Président de la République en France ?

 

Les « contrats de partenariat public privé » :

privatisation insidieuse et dissimulation de dettes

Par Alain GELY, syndicaliste, économiste

Inspirés des « Private finance initiative » des

conservateurs britanniques, repris par les travaillistes, les

contrats de partenariat (CdP) constituent une nouvelle

forme de partenariat contractuel, à côté des délégations

de service public. Des formules voisines ont été mises en

oeuvre depuis 2002 dans les hôpitaux (baux

emphytéotiques hospitaliers) et dans le secteur

pénitentiaire, notamment.

Il s’agit de confier à des tiers

« une mission globale

relative au financement d’investissements immatériels,

d’ouvrages ou d’équipements nécessaires au service

public, à la construction ou transformation des ouvrages

ou équipements, ainsi qu’à leur entretien, leur

maintenance, leur exploitation ou leur gestion, et le cas

échéant, à d’autres prestations de services concourant à

l’exercice, par la personne publique, de la mission de

service public dont elle est chargée. »

Excusez du peu !

Comme, dans le même temps, les moyens financiers et

humains de l’Etat et des collectivités territoriales sont

étranglés, cette « formule-miracle » aura à terme un effet

évident : sous couvert de « partenariat », le secteur privé

sera amené à régenter de plus en plus les équipements

publics et les services publics. La logique du profit

(répondre aux demandes de ceux qui peuvent payer)

s’imposera à la logique du service public (répondre aux

besoins de tous les citoyens). Les salariés du secteur

public, mais aussi du secteur privé, verront leurs statuts

et leurs garanties collectives s’effriter. Les exemples

britanniques et canadiens le montrent clairement (voir par

exemple l’article de Violette Osmain sur les hôpitaux

britanniques dans Résistance sociale d’avril 2006). Les

syndicats de ces pays sont extrêmement critiques.

Les CdP ont jusqu’à présent eu du mal à décoller en

France. En effet, à la suite des réserves du Conseil

constitutionnel, ils devaient être réservés à des cas où il

était bien établi qu’ils constituaient la seule solution,

notamment pour des raisons d’urgence ou de complexité.

Les libéraux (Novelli en février 2007), les lobbies de la

banque et du conseil ont, depuis 2004, déployé une

intense activité pour « améliorer » l’ordonnance de juin

2004 qui instituait les CdP. Ils mettent en oeuvre de

grands moyens pour convaincre, notamment, les

collectivités territoriales de multiplier les CdP. En octobre

2007, Sarkozy a demandé au gouvernement de

« libérer

les PPP d’une réglementation trop restrictive »

. D’où un

projet de loi en février 2008, examiné en première lecture

par le Sénat le 1

er et le 2 avril.

Selon ce projet de loi, les CdP s’étendraient à de

nouveaux secteurs. Surtout, il ne serait plus nécessaire

de montrer que les CdP constituent la seule solution mais

seulement de démontrer (prétendument) qu’ils sont plus

efficients que toute autre formule, notamment la régie

publique ou la maîtrise d’ouvrage publique. Une logique

purement financière s’imposerait, sur la base de calculs

souvent très contestables, alors que les investissements

et services publics doivent aussi prendre en compte des

critères autres que financiers (environnement, aspects

sociaux, intérêt national…).

Autres aspects du projet de loi : faciliter l’utilisation du

domaine public et des équipements publics à des fins

commerciales. C’est souvent ainsi que les projets de CdP

deviennent rentables, voire juteux. Le code général de la

« propriété des personnes publiques » a d’ailleurs été

révisé en catimini pour faciliter ces opérations. Autre

forme de privatisation inavouée.

Outre la privatisation insidieuse, les CdP se traduisent

par une dissimulation de l’endettement. En effet, alors

que la formule normale (régie publique ou maîtrise

d’ouvrage publique) implique des investissements, et

donc un arbitrage financier et souvent un endettement, il

n’en est pas de même des CdP. Pour payer ceux-ci, la

collectivité publique (Etat ou collectivité territoriale)

versera une succession de loyers sur de nombreuses

années, voire plusieurs décennies. Ces loyers sont des

engagements à long terme qui ne sont pourtant pas

considérés, en comptabilité publique, comme de

l’endettement. On devine la tentation, pour le

gouvernement, mais aussi pour des élus locaux de tous

bords : au lieu d’investir et d’emprunter, ce qui oblige à

augmenter la dette, on signe un contrat avec un

« partenaire » privé ; après les premières années, les

loyers seront pris en charge par les gouvernements et par

les contribuables dans l’avenir. Après nous le déluge ! De

plus, certains risques techniques et financiers sont

transférés par les collectivités publiques au secteur privé,

qui les fait évidemment payer très cher. Accessoirement,

la couverture de ces risques offre un marché de plus pour

les assurances…

 

Cette facilité, cette possibilité inavouée de dissimulation,

ajoutée à la complexité de ces textes, explique peut-être

que le projet de loi ne soit guère combattu au Parlement.

Le groupe CRC (Communiste, républicain et citoyen) se

trouve un peu seul pour dénoncer l’inconstitutionnalité du

nouveau texte et pour y proposer des modifications

substantielles.

Le combat parlementaire n’est pas achevé. Mais il est

clair que l’action des citoyens, des militants syndicaux,

sera indispensable pour enrayer cette machine infernale

contre les services publics que constituent les CdP.

Ce combat, ces combats seront difficiles mais ne sont

pas perdus d’avance. Déjà les syndicats du

Conservatoire national des arts et métiers, ont réussi à

repousser un projet de CdP, présenté comme inéluctable.

Comment y ont-ils réussi ? En exigeant un débat sur les

missions de service public du CNAM (ce qui avait été

« oublié »), suivi d’un schéma directeur immobilier assorti

de la recherche de moyens de financement.

Car ces moyens existent, ou peuvent être mobilisés :

qu’on ne nous dise pas le contraire au moment où les

banques centrales trouvent des centaines de milliards

d’euros pour combler les dégâts de la spéculation

financière. En outre, si les « partenaires privés » peuvent

financer les équipements et services en s’adressant aux

marchés financiers, pourquoi l’Etat et les collectivités

locales ne le pourraient-ils pas par d’autres moyens ?

Evidemment, une politique du crédit qui favoriserait des

solutions publiques n’est pas dans les vues de la Banque

centrale européenne…

D’autres militants ont entrepris une action contre « leur »

CdP. A l’Insep et au château de Versailles notamment. La

lutte est difficile mais elle n’est pas vaine. Il faut

sensibiliser l’opinion publique, ce que les élus – même

d’opposition – ne font pas facilement pour les raisons

exposées ci-dessus. Il faut aussi agir en amont : la

dégradation des services publics sert en effet de prétexte

pour des privatisations, sous forme de CdP ou sous une

autre forme. Il faut donc avancer des alternatives :

maîtrise et financement publics des services publics,

maintien et développement des capacités d’expertise et

d’intervention publiques, partenariats « public-public » ou

« public-social » (associant des entreprises de l’économie

sociale aux administrations)… Les alternatives existent.

Les syndicalistes de la RTM, à propos du tramway de

Marseille, ont donné l’exemple de possibilités de victoire,

dans un cas de « délégation de service public » (qui

constituent une autre forme de « partenariats publicprivé

»). La justice leur a donné raison après une longue

lutte et une longue procédure.

Face aux idéologues et aux affairistes qui promeuvent les

CdP, face aux subterfuges qui visent à transférer des

dettes sur les générations futures, c’est en terme de

résistance sociale qu’il faut raisonner et agir. Résistance

et action des usagers des services publics, des

syndicalistes et des élus soucieux de l’intérêt général à

long terme.

PS pour plus de détails on peut me contacter par

l’intermédiaire de Résistance sociale.

Pour lire la suite, allez sur le site de résistance sociale

, a déclaré le Français Joël

Decaillon, secrétaire confédéral de la CES.

Dans les rues de Ljubljana, Paola Guari, enseignante dans le Frioul italien, est venue pour dénoncer

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