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Mouvement Républicain et Citoyen 71 avec Emmanuel Jallageas, 1er Secrétaire Fédéral

Mouvement Républicain et Citoyen 71 avec Emmanuel Jallageas, 1er Secrétaire Fédéral

avec Jean - Pierre Chevènement


Quel socialisme pour le XXIe siècle : Georges Sarre

Publié par Baudouin Grégory Mouvement Républicain et Citoyen sur 18 Février 2009, 09:25am

Catégories : #Georges Sarre

Quel socialisme pour le XXIe siècle

Colloque du M’PEP, 31 janvier 2009
Synthèse des interventions de Georges SARRE



 
Chers amis, chers camarades,

Avant d’en venir à des considérations générales sur le socialisme du XXIe siècle, je voudrais m’arrêter quelques instants à l’actualité. L’actualité, c’est la crise. La mal nommée : car nous défendons l’idée, au MRC, qu’il ne s’agit pas d’une crise. Ou plutôt, s’il s’agit d’une crise, c’est au sens médical du terme, et non au sens économique !

Je m’explique. Au sens économique, une crise, c’est une dégradation brutale de la situation et des perspectives, un événement plus ou moins long, mais passager. C’est un accident, une originalité dans un système qui, en dehors de la crise, garde toute viabilité, toute pertinence. Je ne crois pas que la situation que nous vivons soit de cet ordre. Je ne crois pas qu’il s’agisse d’un déséquilibre passager.

Je crois plutôt que, à l’image de certaines crises sanitaires ou médicales, la crise du système financier, économique et social, à l’échelle mondiale, européenne et nationale, que nous vivons aujourd’hui, n’est que la révélation patente d’une maladie profonde, ancienne, du « modèle » dans lequel le monde est entré depuis le début des années 1970, et pour tout dire en 1971 avec l’abandon de l’étalon or par le Président Nixon.

Pourquoi introduire cette distinction ? Parce qu’évidemment, les réponses diffèrent radicalement, selon qu’on considère l’actualité comme un accident de parcours, ou comme le débouché inéluctable du système. Dans le premier cas, on relance, on régule, on ajuste. C’est ce que le gouvernement tente de faire, et c’est en grande partie de cette logique que relève le plan de relance annoncé par nos camarades du PS, sans doute avec bonne foi pour certains. Dans le second cas, on doit changer radicalement de paradigme.

Je m’inscris dans la deuxième démarche, et là est, je crois, la voie du socialisme du XXIème siècle ; j’oserais dire, même, du XXIIème siècle.

En effet, si le XXIème siècle est celui de la mondialisation néo-libérale, de l’impérialisme états-unien, de la libre circulation des capitaux, et, avec elle, de l’évolution brutale en faveur du capital du rapport capital / travail, de la mise en concurrence des peuples, du chômage de masse, des inégalités Nord / Sud et riches / pauvres ; si, en somme, si le XXIème siècle est l’expérience du néo-libéralisme mondialisé que nous avons connue après le XXe siècle des guerres mondiales et les 30 glorieuses, donc de 1971 à aujourd’hui, alors le socialisme du XXIème siècle, c’est la social-démocratie pseudo-régulatrice, vaguement sociale, du moins dans sa bonne conscience, que nous avons connue de 1983 à aujourd’hui en France, et des années 1970 à nos jours dans toute l’Europe. Celle qui sert encore de matrice au dernier manifeste du Parti Socialiste Européen. Et notre objectif, c’est bien de tourner la page, pas de poursuivre dans cette voie ! D’où mon expression, un peu provocatrice, de socialisme du XXIIème siècle : il faut inventer le socialisme d’après ; il faut inventer le socialisme qui fermera la parenthèse libérale ouverte en 1983…

Henri Emmanuelli sera sans doute sensible à cette référence au titre d’un livre de notre ami commun Liêm HOANG NGOC : oui, l’enjeu est de « refermer la parenthèse libérale ». Il ne s’agit pas bien sûr de faire comme si le monde d’aujourd’hui était celui du programme commun de gouvernement, mais de définir un paradigme nouveau, en phase avec les aspirations de nos contemporains, ce qui n’interdit pas, bien au contraire, de puiser dans l’Histoire de France, dans l’Histoire des peuples du monde, dans l’Histoire du socialisme, des repères fermes.

Jaurès nous a enseigné que la première démarche d’un socialiste, c’est de déterminer où se situe le pouvoir, et d’en faire la critique. Aujourd’hui, il serait tentant, pour les citoyens français, les militants de gauche en particulier, de dire : « le pouvoir, c’est Sarkozy ». Et de borner notre critique et nos propositions alternatives à un contre-feu anti-gouvernemental. Mais la réalité est plus globale. 90% des lois et règlements applicables en France sont d’origine européenne, qu’il s’agisse des traités – le droit primaire – ou pire encore du droit communautaire dérivé : directives et règlements de la Commission de Bruxelles, et jurisprudence, souvent prétorienne, et presque toujours rétrograde, de la CJCE, voire de la CEDH. Au-delà, les accords O.M.C. régissent l’essentiel de nos échanges commerciaux, et partant, une grande partie de la réalité de notre situation économique et sociale. Enfin, la politique monétaire des Etats-Unis, qui font glisser le Dollar au gré de leurs besoins, et qui draînent 80% de l’épargne mondiale pour financer leurs déficits, donne le « la » du jeu monétaire mondial, la France et ses voisins européens ayant abdiqué tout pouvoir de mener une politique monétaire, entre les mains d’une BCE dite « indépendante », c’est-à-dire dépendante des seules oligarchies financières, obsédées par l’inflation qui menacerait leur rente, et qui se fichent comme de leur première liquette des conséquences industrielles et sociales de l’Euro fort. Je n’oublie pas, dans mon tableau des puissants relais de l’oligarchie financière mondiale, un FMI qui importe le néo-libéralisme dans les pays du Sud, le désastre argentin des années 2000 ayant été l’un des épisodes les plus flagrants de la réalité néfaste de cette institution. Je ne relèverai pas qu’O.M.C. et F.M.I. sont présidés par deux français qui, s’ils sont socialistes, sont des socialistes du XXIème siècle, et sûrement pas du XXIIème, selon la typologie provocatrice que j’adoptais à l’instant !

Chers camarades, le socialisme de l’avenir ne saurait donc faire l’impasse de cette réalité européenne et mondiale, et se contenter de gloser sur la Prime pour l’Emploi, d’inventer un « chèque-crise » ou de prôner une micro-baisse de la T.V.A..

Le moment est venu, en phase avec la majorité sociale qui s’est exprimée dans la rue le 29 janvier, et dans les sondages en faveur de cette mobilisation (y compris 54% des électeurs de Droite !), de proposer un nouveau paradigme à l’échelle du monde et, pour commencer, lors des élections européennes de juin prochain, à l’échelle de l’Union Européenne.

Je ferai ici, pour aller droit au but et parler concret, 3 propositions :

- Premièrement, repenser totalement les échanges de capitaux, de biens et de services. Il faut une taxe sur les mouvements de capitaux spéculatifs, il faut bannir les paradis fiscaux. Il faut en finir avec la mise en concurrence des peuples, le nivellement social et environnemental par le bas : nous devons préconiser des clauses sociales et environnementales à l’O.M.C., assorties d’accord de co-développement durable avec les pays du Sud. Et comme nous avons autant de chances d’être entendus que de gagner à la loterie nationale qui n’existe plus, nous devons défendre le protectionnisme. A l’échelle de l’Union Européenne, dont l’ouverture du marché n’est pas telle qu’une politique protectionniste la priverait des biens et services variés dont ont besoin les consommateurs, et qui sont nécessaires à une saine émulation concurrentielle, dans les domaines où celle-ci est pertinente. Et à défaut, il faut recourir, au plan national, à certains contingentements et à des tarifs douaniers ciblés pour protéger nos industries, savoir-faire, emplois, et territoires. Le tout, je le répète, assorti d’accords de co-développements avec les pays du Sud. Car il faut une mauvaise foi remarquable pour affirmer que le libre-échange permet le développement des pays du Sud, quand il consiste à faire travailler la main d’œuvre bon marché de ces pays, en délocalisant dès lors qu’elle devient à son tour trop coûteuse (on trouve toujours moins cher ailleurs) ! Et, de surcroît, à la faire travailler pour produire quoi ? Des biens que ces peuples consomment ? Mais non, sauf une petite élite ! Des biens d’exportation consommés ailleurs ! Non, cela n’a rien de généreux. C’est le cynisme planétaire du capitalisme financier.

- Deuxième proposition concrète : réaffirmer le rôle des Etats, des services publics et des entreprises publiques. C’est à cette condition que les citoyens garderont les commandes d’un économie au service de l’homme, respectueuse des aspirations sociales et de notre environnement. Il n’est pas d’aménagement du territoire, de productions industrielles respectueuses de l’environnement, créatrices d’emploi, et développant des savoir-faire qui n’aient besoin de services publics (énergie, transports, communications), d’argent public (et je pense tant à la nécessité d’un pôle bancaire public qu’au levier de la commande publique), et d’une administration impliquée dans le défi économique et social, ce que d’aucuns appellent l’intelligence économique. Encore faut-il que cette intelligence soit mise au service de l’intérêt général.

- Troisième proposition concrète : retrouver le levier monétaire. Soit nous réussirons à reprendre en main l’Euro pour en faire un instrument politique du progrès économique et social durable, au service de la production et donc de l’emploi et du modèle de développement que nous souhaitons en Europe. Soit l’Euro, de toutes façons, mourra de sa belle mort, compte tenu des dynamiques d’inflation totalement hétérogènes à l’intérieur de la zone Euro, et la question du retour aux monnaies nationales sera posée sans tarder. Autant anticiper cette hypothèse.

* * *

Chers camarades, dans mon intervention liminaire, je vous ai beaucoup parlé d’économie. Mais si la crise révèle à quel point le néo-libéralisme mondial a appauvri le travailleur-consommateur, nous devons aussi y voir les limites d’un modèle qui transforme le Citoyen en seul consommateur.

Et aussi vrai que « le socialisme est la République jusqu’au bout », le socialisme de demain devra réhabiliter la République, non seulement en tant que régime, mais surtout en tant qu’intérêt général choisi, voulu, et vécu par des Citoyens à part entière.

Oui nous devons défendre l’égalité des conditions sociales, et leur dimension matérielle, y compris consumériste, sans quoi la Citoyenneté est un droit sans moyens, un droit virtuel.

Mais nous devons aussi penser à l’Ecole de la République, au rehaussement du débat public, à la réforme de la participation démocratique (je pense aux modes de scrutin, aux financements des partis), pour assurer le pluralisme…

Il faut refaire du Citoyen un véritable acteur conscient de l’intérêt général, pour donner sens à la vie, à la vie collective, à la vie tout court.

Il n’est pas d’émancipation individuelle sans cette capacité à créer du sens commun. C’est sans doute le grand combat qu’il faudra mener, concomitamment au changement de modèle économique mondial et européen.

Je vous remercie./
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