Colloque international sur la Prévention
La ville de Paris a le plaisir de vous accueillir aujourd’hui pour débattre sur les enjeux de prévention de la délinquance. Au nom de Bertrand Delanoë, je vous souhaite la bienvenue.
Sur la base des 2 rapports présentés en 2008, vous allez échanger, réfléchir, proposer et puis agir.
La journée abordera la coopération internationale en matière de prévention.
M. Thierry LE LAY, Directeur de la Prévention et de la Protection (DPP) abordera cet après-midi, la place de la ville de Paris dans ce cadre.
L’échange des bonnes pratiques doit toujours être réaffirmé. Le transfert d’un territoire à un autre d’actions innovantes testées puis évaluées positivement fait partie intégrante d’un programme global de prévention.
Ce colloque, j’en suis convaincu, permettra assurément de mettre en évidence l’intérêt des débats.
L’un des rapports du CIPC s’intitule
« Prévention de la criminalité et sécurité quotidienne, tendances et perspectives ».
Cet intitulé est pertinent et adapté aux situations dramatiques vécues par nos concitoyens.
En effet, les conséquences de la crise, en terme de chômage et de difficultés sociales rendent les rencontres plus agressives et plus violentes.
La crise a une influence sur le lien social déjà distendu. Elle aura sans aucun doute un impact sur les comportements qui seront plus violents.
C’est pourquoi, il faut assurément, aujourd’hui, « prévenir la criminalité au quotidien » face à l’explosion de violences réelle et potentielle.
Construisons donc également une prévention quotidienne au même titre qu’une sécurité quotidienne !
La prévention est un impératif et une nécessité absolue, surtout en temps de crise.
C’est dans cet esprit qu’à Paris, nous menons chaque nuit, une action de médiation confiée à des « Correspondants de nuit », opérationnelle dans plusieurs arrondissements. Cette action vous sera d’ailleurs présentée ce matin par Julien HEGLY DELFOUR, de la Direction de la Prévention de la Protection (DPP).
Il vous dira comment nos agents sillonnent les rues de Paris à pieds, la nuit, les visites dans les immeubles pour prévenir les conflits et les troubles à la tranquillité publique.
À Paris, l’action comprend à la fois le jour et la nuit. La médiation est donc une action de prévention quotidienne qui a toute sa place pour rassurer et tranquilliser les Parisiens. Voilà bien de la « Prévention quotidienne ».
Il s’agit d’actions non coercitives qui visent à réduire les causes de la délinquance et les actes, les gestes de violences de toutes sortes.
Contestée à tort, la prévention est nécessaire, utile et aujourd’hui, plus que jamais, elle doit constituer un objectif prioritaire de notre action publique.
De nombreux programmes concourent à réduire la délinquance : médiation, aide aux victimes, prévention de la récidive, prévention des conduites à risques, amélioration du paysage urbain etc.
Ils permettent d’agir sur deux axes bien connus et complémentaires :
- la prévention situationnelle et dissuasive qui vise à décourager les individus de commettre des infractions : des dispositifs matériels de détection, clôturer des espaces est nécessaire pour empêcher le passage à l’acte délinquant ;
- la prévention éducative et sociale, tournée vers les personnes, qui vise à agir sur les facteurs à l’origine des parcours délinquants.
Les autres politiques d’intégration sociales, de santé, d’emploi répondent à d’autres besoins sociétaux, agissent sur le lien social et, indirectement, ont des effets sur la délinquance.
Chacune de ces politiques publiques a sa propre stratégie et a donc directement ou indirectement des effets sur la délinquance.
Avoir ainsi confié l’animation de cette politique au Maire s’avère être une très bonne chose.
Le Maire a, en effet, un rôle largement reconnu, dans l’esprit de nos concitoyens. Reconnaître qu’il est le « pivot » c’est reconnaître la nécessité de territorialiser notre action publique et de répondre aux attentes des citoyens. Le Maire y contribue.
En a-t-il les moyens ?
Certainement pas assez. Il se heurte aussi aux difficultés financières des collectivités locales, tout autant que l’État.
Dans un contexte où il reste des débats de doctrine, des querelles de visibilité entre institutions, des jeux de défausse financière, les difficultés sont réelles pour coordonner les actions, avoir des objectifs communs, définir des axes stratégiques d’actions partagés, élaborer des indicateurs acceptés par tous etc.
Des efforts restent à entreprendre et des méthodes de travail à instaurer.
En apportant sa pierre à l’édifice, le recueil des pratiques du CIPC nous y aidera.
Je considère que la prévention de l’absentéisme et du décrochage scolaire est une priorité. Nous devons sécuriser les parcours scolaires.
L’Éducation nationale a une responsabilité en matière de formation des futurs citoyens. L’enseignement des savoirs, l’apprentissage de la langue et sa maîtrise, l’appropriation des règles, structurent les individus et sont par essence de la prévention.
L’école est le creuset de la citoyenneté et l’éducation est la première des sécurités.
Dans une société qui se disloque et qui s’atomise, sous l’effet du chômage, de l’explosion des inégalités, du recul du fait national (la fin de la conscription notamment), et j’en passe, l’école et la prévention sont des gages de maintien de notre cohésion nationale, aujourd’hui mise à mal par une crise économique dévastatrice.
Il faut donc avoir l’esprit large et des convictions fortes pour aborder ces enjeux. Il faut surtout beaucoup d’humilité. Nous devons tout, et nous pouvons peu. Raison de plus pour être toujours plus volontaires, toujours plus avisés. Et les échanges d’aujourd’hui y contribueront.
Bonne journée.